La tendance Food et son phénomène du Food Porn marquent un renouvellement de l’expression visuelle de la nourriture et du food, en termes d’usage, de cible, de média et de message. La forte production de contenus food porn a contribué à l’émergence et à la valorisation de nombreux acteurs du food, qu’ils soient influenceurs food amateurs ou professionnels, agences food, marques alimentaires, etc.

 

L’impact de la tendance food porn sur les consommateurs

Souvent associé au plaisir de manger, à l’esthétique et aussi à la pratique de la cuisine, le food porn s’exprime avant tout par le visuel et l’abondance. Cette tendance food assume délibérément l’intention de créer un désir orgasmique visuel. En confondant la nourriture et la séduction, ce concept a su trouver sa place auprès du consommateur.

Le plaisir visuel est tout aussi important que le plaisir gustatif lui-même dans le food porn. La photo du burger coulant de fromage ou de la glace au chocolat cherchant à s’échapper de son cornet gaufrette, provoque jusqu’à l’excitation, l’envie ou la fascination. La nourriture photographiée ou filmée est donc devenue un vecteur de consommation, rendu à l’état d’objet d’érotisme culinaire et de désir. Et la tendance générale du food porn est ainsi intelligemment exploitée pour déclencher chez le consommateur le désir d’achat.

Le burger food porn

 

Sur les plateformes de médias sociaux, la tendance food porn a trouvé sa place auprès d’une communauté hyper connectée, notamment sur la plateforme basée principalement sur les passions, Instagram. Avec plus de 192 millions de photos postées avec le hashtag #foodporn et une moyenne de 18 connexions par jours auprès des passionnés et autres addicts de food, Instagram incarne par excellence le social media lié à ce phénomène.
Des tendances fortes et des hashtags ont depuis émergé pour occuper l’espace de nombreuses publications : #recipefood, #foodpornstar, #junkfood, #dudefood, #confortfood, #naivefood, #artfood, #healthyfood, #diedfood, #rawfood, #instafood, #yummy.

 

Quelques tendances food qui ont marqué le web

Le food a donné lieu à la publication de nombreuses images parfois très ordonnées et assez minimalistes, à l’inverse du food porn beaucoup plus brut et sans détour. Sur Instagram des styles photographiques sont devenus novateurs et l’univers du food, très coloré, graphique, voir chaotique.

De là, de nombreuses marques alimentaires ont réussi à créer de l’engagement et à développer leur activité en produisant des contenus de qualité venant bousculer l’image de la gastronomie et de l’alimentation.

Ce sont finalement des tendances de plats et d’aliments, qui par vague, ont fait évoluer des modes culinaires très fortement ancrées dans les habitudes des médias sociaux et de leurs utilisateurs.  

 

L’avocat

En 2018, il était le fruitde la tendance food #healthy par excellence. En toast, en smoothie ou en guacamole, l’avocat est le fruit healthy tendance dont les foodistas raffolent. Porté par une production record de 44.000 tonnes dans le monde (2017), les Millénials particulièrement sensibles aux produits frais non transformés, mais aussi Kim Kardashian sur son compte Instgram, auront permis au hashatg #avocado d’être l’un des plus utilisé dans le food sur les réseaux sociaux.

L’avocat possède des textures et des variations de couleurs le rendant plutôt photogénique est donc adapté également au monde du food porn, d’autant qu’il va être en règle général exposé sous une forme la plus attrayante possible sur le plan social. Sa popularité sur le web croît de manière impressionnante au point où il enregistre plus de 2,4 millions de publications en 2017, en faisant un des super-aliments les plus discutés sur les médias sociaux. Le seul qui le surpasse est la noix de coco. Pourtant et bien que la noix de coco soit plus mentionnée dans sur les réseaux que l’avocat (4,1 millions de mentions Vs 2,44 millions de mentions) et que sa portée globale soit reconnue plus importante, l’avocat possède un portée par poste plus importante que la noix de coco 2,5k Vs 2,4k. L’avocat surpasse enfin tous les autres super-aliments avec un avantage supplémentaire tiré de sa promotion via les influenceurs.

Le Food et L'Avocat

 

La Raclette

En 2017, la grosse tendance food portait sur le fromage à raclette. Il était courant de voir à chaque impression/affichage (ou presque) du fromage fondant, dégoulinant d’intention pour une bonne vieille patate et sa tranche d’Aoste fumée. Rien ne pouvait être plus tendance cette année là que d’afficher sur son compte Instagram une photo de raclette. Cette mode solidement ancrée dans le food porn et entretenue par les ambassadeurs de RichesMonts mais aussi Entremont, aura généré quelques messages sur les réseaux.

300 000 images Instagram on été recensée sous le hashtag #raclette, la fréquence était entre 20 et 50 tweets par heure lorsqu’il s’agissait de parler de raclette et certains influenceurs réussissaient à récolter 3 000 “Like” avec la simple utilisation du mot clé “raclette”, sans y adjoindre de photo. On frôlait alors la limite de l’écoeurement.

La raclette ayant atteint une telle cote d’amour, des entreprises pourtant présentent dans des secteurs tout à fait différents se sont lancées elles aussi sur le créneau de la raclette. Dop avait créé un faux savon douche senteur «raclette hivernale». Interflora s’était rué sur le hashtag #raclette, allez savoir pourquoi.

La raclette dans le food porn

 

Avec la persistance du phénomène, le fromage a raclette a réussi à occuper une place dans les pizzas, les hamburgers et même les crêpes. Une « raclette tatin » a même vu le jour.
Bref, le coulant et le luisant prennent le pas sur le reste de l’alimentation et les chaînes culinaires se mettent à produire des contenus en conséquences. Démotivateur food roule des tranches de raclette dans une crêpe, Chef Club retourne le fromage dans une Raclette Tatin et obtient 10 millions de vues sur sa vidéo, Super bon de Minute Buzz enferme du fromage dans une boule frite, Tastemade réalise une quiche, etc.

 

Le Cheese Pull

Le “Cheese pull” associé à la pizza est l’un des contenus les plus efficace. La popularité du plat (951 pizzas sont consommées chaque seconde dans le monde) en fait un support idéal, puisque le contenu #cheesepull mettant en scène une pizza va engager 2 fois plus que d’autres plats à base de fromage. Les vidéos sur l’élasticité du fromage au sein d’une pizza se trouvent par milliers et les tirages les plus improbables de Mozzarella ou de Cheddar sont légion.

Le Food Porn et la pizza cheese pull

(Source.)

 

A côté du “Cheese pull”, des scientifiques sont même allés jusqu’à étudier différents types de fromages pour connaître quelles étaient les propriétés de chacun et le rendu visuel après cuisson. L’idée étant de pouvoir utiliser sur une pizza le bon fromage en fonction de l’aspect final recherché.

Le Cheese pull, le cheeseburger dégoulinant de fromage, les empanadas de viande faits maison, les gâteaux, les crèmes glacées ou encore la rose des sables au Nutella cumulent des scores de visibilité très conséquents.

Sur Facebook et Instragram, des recettes comme les meatballs farcies à la mozarella ou les churros à la glace vanille ont déjà dépassé respectivement les 4 et 3 millions de partages. Sur Twitter les 2 principaux emojis tweetés en 2018 dans cette tendance food, sont Pizza (382k) et Gâteaux (341k) ? ? .

Certaines tendances food produisent aussi parfois des contenus originaux tirés de l’imaginaire. Le hashtag #unicornfood, lié à la mise en scène de licornes, avec plus de 39k publications Instagram de desserts, de gâteaux et de pâtisseries s’est fortement développé via l’impulsion d’une communauté spécialisée.

Ailleurs, c’est la mise en avant de points de vue originaux, qui chez certains créateurs de contenus, crée le partage au sein d’une communauté. C’est le cas de Desserted in Paris, proposant des photos de desserts, vus du haut, associés à des chaussures de couleur.

La patisserie et le food porn

 

Le food porn est omnicanal

Cette tendance food qu’est le food porn se décline et s’adapte à de nombreux outils et moyen de communication pour mieux parler aux consommateurs.

Toujours axés sur des visuels et des images impactantes, des concepts de contenus ont contribué efficacement à l’ancrage du food porn dans l’alimentation au travers plusieurs supports de communication. La restauration, l’événementiel ou la télévision ont également intégrés la dimension food porn à leurs offres et lignes éditoriales.

 

Le Brand Content

Le recours au brand content doit permettre d’asseoir le positionnement de marque, de véhiculer l’aspect naturel d’un produit ou son authenticité.

Pour que la marque puisse évoluer dans un écosystème de concurrence souvent très fort, son contenu, ce qu’elle a à raconter d’elle, doit pouvoir s’améliorer continuellement, être de qualité et unique.

En matière de tendance food porn, les marques vont proposer des contenus (images, vidéos) souvent en liens avec les autres tendances du moments, très colorés et généralement hors des normes conventionnelles afin de créer la surprise. Le format passe aussi bien par la vidéo que la photo, les articles blog, les posts sur les réseaux sociaux, les plateformes de contenus vidéo, etc.

 

Les Web TV

Des émissions TV diffusées sur le Web se sont également tournées vers la tendance food avec des contenus thématiques et très visuels. C’est le cas avec mycuisine.com qui compte en programmes réguliers plus d’une quinzaine d’émissions thématiques autour de chefs comme Gordon Ramsey, Marc Veyrat ou des stars du cinéma. Et le food porn n’y coupe pas puisqu’une émission du même nom, Food Porn, a trouvé sa place dans la grille des programmes : “Sandwich au poulet frit ou aux œufs, cookies géants, glace à la barbe à papa… Michael (Chernow) vous fait découvrir tous les buzz culinaires en vogue à travers les Etats-Unis !”
On retrouve ici, en une courte description, de nombreux éléments caractéristiques du food porn. Tout est dit.

 

La publicité

Devour, une marque du groupe Kraft Heinz spécialisée dans les plats surgelés à produit un spot de pub en partie censuré lors de sa diffusion au Superbowl, en février 2019.

Sans détour, Devour normalise la dépendance à la pornographie dans son spot publicitaire. Et c’est l’objet du débat qui a eu lieu aux Etats-Unis où il a été reproché à Devour, de mettre de côté les risques liés à l’addiction et à la consommation de contenus pour adulte. La version non censurée du spot de pub aura pourtant fait en 2 mois près de 16 millions de vues.

 

 

Le Retail

La tendance food porn est aussi parfois détournée de son propos initial, afin de procurer au consommateur le désir d’achat. Le sex shop norvégien Kondomeriet a su décliner le concept de food porn afin de promouvoir son activité de ventes au travers une vidéo mettant en scène des aliments, sans jamais révéler ses produits.

La production est on ne peut plus ancrée dans la tendance food porn et réussie finalement par un moyen détourné, à créer le désir.

On vous laisse regarder, le spot vaut le détour :

(Source.)

 

La Restauration

Tout le monde se met au food porn et les restaurateurs n’y échappent pas.

Côté consommateurs, 8 français sur 10 mangent avec leur téléphone à table et contribuent au fort développement de cette tendance food, de la prise de photo du plat, à peine servi.

Des restaurants sont aller jusqu’à intégrer et promouvoir ce concept au sein de leur établissement pour offrir à leur clientèle la possibilité d’une expérience culinaire personnalisée. Et c’est également au travers de publications réalisées pour leurs propres comptes que certains restaurateurs vont communiquer sur leurs établissements, en diffusant par exemple des publications incluant une description vantant les recettes dégustées par les clients.

Dans un autre registre, le boucher star Salt Bae joue aux clients de ses restaurants une mise en scène articulée autour de la découpe de pièces de viandes de tailles improbables et de leurs sur-assaisonnements au gros sel marin.

Résultat, il créé à partir de son image et de sa cuisine totalement “porn” une marque à part entière, portée et relayée par un ensemble de stars du cinéma et de sportifs internationaux.

Le chef cuisto Salt Bae

 

Le succès de la tendance food porn au travers l’analyse statistique

L’évaluation de la pertinence d’un contenu peut se mesurer au travers plusieurs indicateurs statistiques, rendue possible grâce aux outils fournis par les médias sociaux notamment.

La fréquence de publication, l’engagement, la portée (“reach”), le nombre de likes, de partages, de commentaires, de vues/visionnages permettent de quantifier et de qualifier la puissance d’un contenu.

Ces indicateurs servent aussi à mesurer l’écho d’un contenu au sein d’une communauté, à comprendre comment certains posts engagent plus que d’autres, à savoir quels types de personnes sont touchés (âge, genre, csp, etc) et comment celles-ci elles interagissent.

Le temps, le jour, l’heure, le moment de la journée, sont aussi des indicateurs de performance à prendre en compte. En effet le moment du déjeuner et du dîner sont des moments sociaux par excellence. Souvent ces temps réunissent des milliers de personnes devant leurs écrans qui pendant la pause, vont s’octroyer quelques minutes et se laisser divertir par leurs fils d’actualités. Et parmi les contenus divertissants, la tendance food occupe une place centrale sur les réseaux sociaux. Regarder des plats, des recettes de cuisine ou des dégustations donne envie de manger, ce qui peut par effet enclencher chez le consommateur son désir d’acheter et de consommer.

 

Comment mesurer l’impact de ses contenus sur Instagram ?

instagram-food-porn

Instagram et l’apparition de nouveaux formats dorénavant ancrés dans les habitudes de production de contenu, ont rendu incontournable la prise en comptes des indicateurs statistiques, des KPI et autres outils de mesure de viralité.

Le format Stories sur Instagram en est un bel exemple. En 2018, la plateforme recensait une production de 300 millions de Stories. Pour les acteurs et les marques food, il existe ainsi de nombreux vecteurs de communication à exploiter grâce aux options de filtres, de stickers, de stop-motion ou d’effets vidéo. Mesurer le succès d’une Story Instagram est parfaitement envisageable, à la condition d’utiliser un compte professionnel.

Les statistiques données sur les Stories, permettent de comprendre quelle est la taille réelle de son audience, notamment grâce à la portée (nombre de vues uniques de votre Story) et aux impressions (nombre d’affichages de vos Stories). Ces indicateurs donnent des informations sur le rapport des utilisateurs avec leur consommation de contenu.

Plus en détails, les métriques présentés sur l’interface d’Instagram sont les suivants.

  • Retour : cette information correspond au nombre de fois qu’un utilisateur a cliqué sur le côté gauche de son écran pour revoir la Story précédente.
  • Suivant : correspond au nombre de fois qu’un utilisateur a cliqué sur le côté droit de son écran afin de passer à la publication suivante.
  • Story suivante : il s’agit là du nombre de personnes ayant choisi de passer à la Story d’un autre compte que le vôtre.
  • Abandons : dénombre les personnes ayant quitté la fonctionnalité « Stories » de leur application.
  • Réponses : destiné à évaluer l’engagement de la communauté vis-à-vis d’un contenu, cette statistique présente le nombre de fois qu’une personne a interagi avec à une publication de votre Story par voie de messagerie.
  • Voir : toujours destiné à mesurer l’engagement, “Voir” présente le nombre de fois que les liens renvoyant vers un support d’information tiers et insérés dans une Story, ont été cliqué.

 

Dans le domaine du food porn, l’alimentaire et d’autres encore, la valeur d’un plat se traduira-t-elle au travers un nombre de likes, de commentaires, de hashtag ou de partages reçus entre des publications faites sur des fils d’actualités ou sur des Stories ?

Il faudra cependant distinguer les tendances culinaire d’un côté et les indicateurs relevant davantage de données chiffrées de l’autre, pour identifier les contenus food porn qui demain seront susceptibles de créer une émulsion autour d’une marque.

Pour le savoir, il faudra continuer de suivre les tendances. Et en voici déjà une que nous vous proposons : #food2020