L’offre ali­men­taire serait-il deve­nu the new place to be ? Au vu de la récente course à l’armement et des nou­velles arri­vées sur le mar­ché, il sem­ble­rait que les fron­tières sautent sur le seg­ment. Nou­veaux acteurs, dif­fé­ren­cia­tion, nou­veaux lieux de consom­ma­tion : on assiste à un pro­fond décloi­son­ne­ment et à une large muta­tion du secteur.

Le mar­ché semble être défi­ni­ti­ve­ment deve­nu un champ infi­ni des pos­sibles. Outre les enseignes frai­che­ment arri­vées qui viennent concur­ren­cer les pure players, plu­sieurs marques cherchent à ajou­ter la res­tau­ra­tion à tous types de maga­sins pour offrir des pauses pra­tiques et gour­mandes : c’est une vraie course au concept qui se joue, des cir­cuits de dis­tri­bu­tion jusqu’aux lieux de consom­ma­tion ou de vente.

L’offre food devient une solu­tion idéale pour gar­der ses clients sur place et favo­ri­ser l’achat, aug­men­ter sa valeur ajou­tée ou élar­gir son panel de pro­duits : long­temps l’apanage des centres com­mer­ciaux, les cor­ners se répandent par exemple aujourd’hui au sein d’établissements qui s’aventurent loin de leur cœur de busi­ness, et s’engouffrent der­rière les pion­niers comme Ikea, ou dans la ten­dance des concept stores pro­po­sant un espace de res­tau­ra­tion (comme Colette, Ven­ti­lo ou Merci).

De nouveaux distributeurs alimentaires

Le temps du mono­pole des grandes sur­faces semble être ter­mi­né : on observe aujourd’hui de nom­breuses ten­ta­tives de diver­si­fi­ca­tions, par­mi les­quelles celle de Nature & Décou­verte, où divers thés, cafés, baies, pro­duits bios, condi­ments ou élixirs détox ont fait leur appa­ri­tion. Leur offre ali­men­taire se concentre ain­si sur la décou­verte des saveurs, les gas­tro­no­mies ori­gi­nales, avec des ali­ments s’éloignant de ceux ren­con­trés en grande sur­face. Même constat pour Lit­tle Extra qui ouvre des cor­ners chez Auchan avec une offre ali­men­taire qui lui per­met­tra notam­ment de gon­fler sa noto­rié­té grâce à ses thés, ses bois­sons et ses moutardes.

Même si le mar­ché se déve­loppe plus len­te­ment, les pure players du web ne sont pas en reste : l’offre ali­men­taire a fait son appa­ri­tion chez Ama­zon en sep­tembre 2015 (34000 réfé­rences en épi­ce­rie et en bois­sons), après Vente Pri­vée en 2013 (notam­ment les pro­duits Miam-Miam, 100% Made in France). Si la vente à dis­tance ne semble pas encore mature, l’arrivée pro­gres­sive de nou­veaux dis­tri­bu­teurs et trans­por­teurs pour­rait don­ner une nou­velle enver­gure au sec­teur. A quand la livrai­son de pro­duits frais en vente directe, comme Ama­zon le fait déjà aux Etats-Unis avec Ama­zon Fresh ?

Le shop in shop

Cré­dit pho­to : Toute la Franchise

C’est une nou­velle oppor­tu­ni­té pour toutes les fran­chises de res­tau­ra­tion, en par­ti­cu­lier rapide : après les lieux de voyages et les centres com­mer­ciaux, lieux d’implantation plus évi­dents, les zones com­mer­ciales et leurs maga­sins font figure de nou­velles cibles d’installation pour des cor­ners, sou­vent de sna­cking. Par­mi les pre­miers à se déve­lop­per de la sorte, l’enseigne Colom­bus Café & Co s’est rapi­de­ment éta­blie dans plu­sieurs éta­blis­se­ments : Gémo, Leroy Mer­lin, Inter­mar­ché, la FNAC ou encore Cas­to­ra­ma. Le for­mat est sur­pre­nant mais séduit de plus en plus : à un coût jusqu’ici moindre, il per­met de ren­for­cer la cou­ver­ture du ter­ri­toire, et d’y gagner en visi­bi­li­té et donc en notoriété.

Sui­vant un modèle simi­laire, l’enseigne Class-croute a fait son appa­ri­tion chez Leroy Mer­lin. Pour la clien­tèle, c’est l’occasion de pro­fi­ter d’une place assise et de faire une pause durant les achats. Chez Car­re­four, les consom­ma­teurs ont pu consta­ter l’apparition de bars à sushis ou de bars à tapas dans leur grande sur­face : sur le modèle des concept stores pro­po­sant de la res­tau­ra­tion, la grande dis­tri­bu­tion sou­haite ren­for­cer une expé­rience client rela­ti­ve­ment triste aujourd’hui en maga­sin, en élar­gis­sant l’offre ali­men­taire à des consom­mables sur place. Déjà pré­sente chez Casi­no Res­tau­ra­tion, Star­bucks fera ain­si son arri­vée chez Mono­prix, avec des salons de café dans les éta­blis­se­ments de l’enseigne française.

Retour sur quelques pionniers du décloisonnement

Le pion­nier reste Ikea, bien sûr. L’enseigne sué­doise a déve­lop­pé très tôt la res­tau­ra­tion sur place, pour une pause détente au milieu des achats. Pour beau­coup de clients, c’est presqu’un rituel, une sor­tie comme une autre. Flâ­ner dans les rayons, prendre une pause déjeu­ner, puis aller cher­cher ses meubles pour se les faire livrer ensuite. Tout est pen­sé pour le client : et la res­tau­ra­tion en fait partie.

Cré­dit pho­to : Sud Ouest

Ikea n’est bien sûr pas un pure player, mais l’offre est soi­gnée et très com­plète. Des pro­duits sué­dois, dont les fameuses bou­lettes de viande, sont pro­po­sés. Mais aus­si des pro­duits locaux, afin de satis­faire les goûts de chaque clien­tèle : le can­ne­lé à Bor­deaux, la galette-sau­cisse à Rennes. Plu­sieurs gammes de prix sont en outre à dis­po­si­tion avec des snacks rela­ti­ve­ment acces­sibles. A Mul­house, Ikea va plus loin avec un bis­trot-bou­tique, qui pro­pose des pro­duits ali­men­taires signés par la chaîne. Pro­gres­si­ve­ment, la marque sué­doise se fait une place sur le seg­ment alimentaire.

Jar­di­land semble avoir emboi­té ce pas, sur le même motif : faire du maga­sin un espace de détente et de plai­sir. Depuis 2010, l’enseigne a notam­ment accueilli à Ber­ge­rac (en Dor­dogne) un res­tau­rant à l’intérieur même de l’établissement, dans l’idée si pos­sible de déve­lop­per le concept chez d’autres fran­chi­sés Jar­di­land. Sur­tout, la marque a fait le choix de pro­gres­si­ve­ment diver­si­fier son offre, vers de nou­velles niches comme l’épicerie fine et les pro­duits « terroir ».

Cré­dit pho­to : Le Figaro

Le sec­teur ali­men­taire voit ain­si des fron­tières tom­ber entre les dif­fé­rents seg­ments, en accord avec des modes de consom­ma­tion et des pra­tiques qui évo­luent. Après l’agrandissement et le chan­ge­ment d’univers du Lafayette Gour­met, le BHV Marais (filiale du groupe Gale­ries Lafayette) a par exemple annon­cé l’arrivée à Paris d’Eataly en 2018. L’entrée de nou­veaux acteurs s’intensifie donc et pour­rait conti­nuer de chan­ger le pay­sage de l’offre en France.

Cré­dit pho­to hea­der : retail-news.eu